Le port de Sète est bloqué depuis vendredi après-midi par une cinquantaine de militants de Greenpeace, bloquant l’accostage d’un cargo transportant 50 000 t de tourteaux de soja en provenance du Brésil, et destinés à nourrir des animaux d’élevage au sein de l’UE.

L’action ne cible pas le port de Sète mais le gouvernement français, après qu’un accord de libre-échange a été conclu le 28 juin entre les pays du Mercosur et l’UE. Les activistes ont bloqué les quatre grues de déchargement et interdit l’accès au quai d’amarrage, tout en peignant des slogans choc sur les quais ou la coque du cargo : « Warning : soja qui déforeste », « Stop élevage industriel » ou encore « Forest Killer ». « Le gouvernement est incapable de respecter ses engagements pour lutter contre la déforestation et le changement climatique, nous sommes venus le faire à sa place », déclare Cécile Leuba, chargée de campagne forêts chez Greenpeace France sur le site web de l’ONG.

Le port de Sète dépose plainte

De son côté, le port sérois, détenu et exploité par la Région Occitanie, a déposé plainte pour cette « intrusion illégitime d’activistes de Greenpeace sur le terminal vrac ». Alors que plusieurs d’entre eux ont investi le sommet des grues, l’ancien ministre Jean-Claude Gayssot, président du port, condamne via un communiqué ce blocage et le fait que ces personnes « prennent des risques majeurs ». D’après lui, 200 emplois directs, « dont le travail ne concerne pas majoritairement ce type d’importations », sont menacés de chômage technique chez Saipol mais pas seulement. « Sète ne représente que 0,5 % des importations du soja en Europe, ajoute Jean-Claude Gayssot. Pourquoi prendre en otage un port décentralisé à 100 % depuis 2008, alors que Greenpeace dit cibler le gouvernement ? » L’ancien ministre, communiste, dit par ailleurs reconnaître « le bien-fondé de la lutte contre la déforestation, la consommation excessive de viande et le productivisme aveugle et destructeur face aux multinationales géantes. L’opposition à l’accord européen avec le Mercosur (…) mérite mieux qu’une attitude jusqu’au boutiste et paralysante ».  Après son dépôt de plainte, la direction du port attend une éventuelle intervention des forces de l’ordre pour débloquer le terminal.

Hubert Vialatte