Les exportations de pétrole iranien en chute ? A voir...

 

Á l’approche de l’entrée en vigueur, le 4 novembre, d’une nouvelle salve de sanctions américaines visant notamment son industrie pétrolière, la chute des exportations de brut de la République islamique se confirmeraient. La maintien d'un pétrole au-delà de 80 $ en serait la plus belle expression. Pas si évident ...

 

Sur la première quinzaine d’octobre, le pays a exporté 1,33 million de barils par jour (bpj) vers l’Inde, la Chine, la Turquie et le Moyen-Orient, mentionne Reuters d'après les données de marché de Refinitiv Eikon, le nouveau nom de la branche Financial & Risk de Thomson Reuters.

Selon le spécialiste du trading, aucun transport de brut iranien vers l’Europe n'a été enregistré. La Turquie et l’Italie seraient les derniers acheteurs en dehors de la Chine, de l’Inde (le 3e importateur mondial de brut d'ailleurs passé des commandes pour le mois de novembre) et du Moyen-Orient. 

Citant une "source du secteur", l'agence de presse britannique estime le total à 1,5 million de bpj, en tenant compte de navires qui n’apparaissent pas sur les repérages par satellite, parmi lesquels un pétrolier d’une capacité d’un million de barils qui fait route vers l’Italie. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les exportations d’au moins 2,5 millions de barils en avril, avant la décision des États-Unis de sortir de l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien et de rétablir des sanctions contre Téhéran. 

Décrue en septembre

En septembre, les exportations de brut iranien étaient déjà tombées à 1,6 million de bpj, contribuant à l’envolée récente du prix du baril de Brent qui a atteint le 3 octobre un plus haut depuis fin 2014, à 86,74 dollars. Les cours sont depuis redescendus autour de 80-81 $ mais se maintiennent à un niveau haut en raison de l’actualité iranienne. C'est du moins ce que prétend Eugen Weinberg, analyste chez Commerzbank. 

Washington veut ramener à zéro les exportations pétrolières iraniennes mais l’Iran et l’Arabie saoudite jugent ce scénario peu probable. L’administration Trump envisage d'ailleurs des exemptions pour les pays qui réduisent leurs importations. 

Pour sa part, l’Iran affirme que sa production n’a que légèrement diminué. Le 3e producteur de l'OPEP, qui a juré de bloquer toute augmentation des livraisons de l’Opep contraire à ses intérêts, assure avoir trouvé de nouveaux acheteurs pour son pétrole. Pour septembre, le pays a déclaré une production de 3,76 millions de bpj, en baisse de 50 000 bpj, alors que les consultants et agences gouvernementales, que l’Opep consulte pour estimer la production, ont rapporté un recul beaucoup plus important, à 3,45 millions de bpj. 

De fait, l'Iran pourrait ne pas avoir autant réduit sa production que le rythme de baisse de ses exportations le laisse penser. Des sources ont rapporté le mois dernier que Téhéran entreposait davantage de pétrole sur des navires, comme il l’avait fait lors des sanctions que l’accord de 2015 avait permis de lever. 

Irak et Arabie Saoudite, aux aguets 

En tournée en Europe cette semaine, Brian Hook, le représentant spécial des États-Unis pour l’Iran, a réaffirmé l’intention de Washington de couper le robinet du pétrole iranien. “On constate un marché pétrolier actuellement bien fourni et équilibré. On devrait se concentrer sur ces fondamentaux sans se laisser distraire par ce que dit l’Iran”, a-t-il déclaré. Il a précisé que la production américaine avait augmenté de 1,65 million de barils en août par rapport au même mois de 2017 et devrait poursuivres sur une tendance haussière. 

Le ministre saoudien de l’Énergie Khalid al-Falih, en visite en Inde, a indiqué pour sa part au même moment que la production de son pays augmenterait le mois prochain par rapport à son niveau actuel de 10,7 millions de bpj, entre autres pour répondre à la demande de l’Inde. L’Irak a parallèlement annoncé que les exportations de brut en partance de ses ports se montaient actuellement à 3,62 millions de bpj, un record, et qu’elles atteindraient 4 millions de bpj dans le courant du premier trimestre 2019. 

A.D (avec Reuters)