©US Coast Guard

Pour réaliser le renflouement à marée haute du porte-conteneurs d’Evergreen complètement embourbé, une zone de sécurité autour du navire a été étendue à 1 000 m et le chenal de navigation dans une section de la baie de Chesapeake a été fermé à la circulation. Après plusieurs heures d’intervention, les rafales de vent ont annihilé tous les efforts, chassant l’eau dans la baie.

Après une dizaine de jours de travaux de dragage sur le site de la baie de Chesapeake, interrompus à plusieurs reprises par les conditions météorologiques – orages, averses et vents violents –, les premières tentatives de renflouement à marée haute de l’Ever Forward complétement embourbé, n’ont pas été possibles ces deux derniers jours.

L’opération gérée par Donjon Smit, coentreprise entre Donjon Marine et Smith Salvage America choisie par la compagnie taïwanaise Evergreen et supervisée par les garde-côtes américains (U.S. Coast Guard Mid-Atlantic), a mobilisé cinq remorqueurs, deux à quai pour pousser sur le flanc tribord, deux autres pour tirer sur le côté bâbord et le dernier pour effectuer alors une longue traction depuis la poupe.

Evergreen avait précédemment expliqué qu’il était nécessaire de draguer autour de l’Ever Forward afin d’améliorer la flottabilité de la coque et de dégager l'hélice et le gouvernail pour le repositionner dans le chenal. « Une fois l’opération effectuée, la quantité d'eau de ballast sera ajustée pour réduire le poids du navire et l'opération de renflouage commencera en utilisant à la fois les remorqueurs et la puissance de son moteur principal ».

Pour réaliser le renflouement du navire, une zone de sécurité autour du navire a été étendue à 1 000 m alors que le chenal de navigation dans cette section de la baie de Chesapeake a été fermé à la circulation le 29 mars jusqu'à minuit. En vain. À 18 h, heure locale, après plusieurs heures d’intervention, les rapports indiquaient que les câbles des remorqueurs s'étaient relâchés. Et les rafales de vent ont annihilé tous les efforts, chassant l’eau dans la baie. Le navire refuse tout simplement de bouger. 
 

Nouvelles tentatives les 3 et 4 avril

Il est prévu de reprendre le dragage en vue d’une nouvelle tentative ce mercredi 30 mars. En cas d’échec, le plan prévoit d'ajouter deux barges de traction ancrées à l'arrière et un remorqueur supplémentaire à l'avant à l’occasion d’une nouvelle intervention, prévue les 3 et 4 avril. Si ces nouveaux essais ne fonctionnent toujours pas, l'équipe de sauvetage devra intervenir sur le lest du navire, en procédant au pompage du carburant et si cela n’était pas suffisant – ce qu’elle n’exclue pas – au déchargement des conteneurs, processus qui serait fastidieux. Il faudrait alors placer des grues le long du navire et des barges pour accueillir les boîtes. 

Le porte-conteneurs d’Evergreen d’une capacité de 11 112 EVP mais avec 4 964 EVP à bord, s’est échoué le 13 mars dans la baie de Chesapeake, peu de temps après avoir quitté Baltimore, dans le Maryland. Le navire se dirigeait vers Norfolk.  

L’événement, que la presse a déjà qualifié de « Evergreen Island », convoque le souvenir de l’échouement de l’Ever Given dans le canal de Suez, qui a créé un embouteillage massif impliquant plus de 400 navires. C’est à quelques heures près il y a un an. 

Adeline Descamps

 

ACTUALISATION AU 31 mars : La seconde tentative de renfouement de l’Ever Forward ayant échoué, Evergreen a déclaré l’avarie commune

Les chargeurs vont devoir partager avec l’armateur taïwanais les frais et/ou pertes engagés, Evergreen ayant déclaré l’incident en avarie commune, anticipant sur les prochaines opérations qui vont nécessiter de déployer plus de moyens. Le navire est couvert en responsabilité civile par le P&I Gard. 

« Considérant que la complexité de la poursuite des opérations va requérir des coûts supplémentaires, Evergreen a, par précaution, déclaré une avarie commune et a nommé Richards Hogg Lindley comme expert en sinistres », a indiqué la compagnie dans un avis adressé aux chargeurs, après l'échec de la deuxième tentative de renflouement. 

En vertu de l'avarie commune, les coûts de sauvetage d'un navire et de sa cargaison sont partagés entre toutes les parties ayant un intérêt dans le voyage. Elle est généralement réservée à des événements extrêmes tels que des dommages importants à la cargaison au cours d'un voyage. Elle avait également été invoquée il y a un an pour l’échouement de l’Ever Given dans le canal de Suez.