L'ex-Sajir, renommé Brussels Express, que Hapag-Lloyd a converti au GNL a coûté 35 M$ ©DR

 

Hapag-Lloyd va convertir un de ses navires au GNL et se revendique première compagnie maritime au monde à le faire sur un porte-conteneurs de 15 000 EVP. Ce n'est pas une annonce mais un confirmation. L'armateur allemand et n° 5 mondial du transport de conteneurs a sensiblement évolué sur ses choix pour se conformer à la réglementation sur la teneur en soufre des carburants marins. 

Hapag-Lloyd (234 navires dont 112 en propriété) a annoncé avoir signé un contrat de retrofit avec le chinois Hudon Hondhoa Shipbuilding pour convertir en GNL l'un de ses porte-conteneurs de 15 000 EVP, hérités de de United Arab Shipping Company (UASC). La conversion du Sajir, construit en 2014, s'effectuera dans le chantier naval Huarun Dadong Dockyard Co. de Shanghai.

Ce n’est pas une annonce mais une confirmation. À plusieurs reprises, à l’occasion notamment de la présentation de ses résultats financiers en août 2018, puis dans un document d’une centaine de pages publié fin novembre portant sur les points clés de sa nouvelle stratégie 2023, le 5e armateur mondial de porte-conteneurs (7,3 % de la capacité conteneurisée avec 1,672 MEVP) avait indiqué qu’il préparait deux projets pilotes en vue de tester des systèmes d’épuration des gaz d’échappement (EGCS) sur deux grands porte-conteneurs, tout en explorant parallèlement les avantages du GNL comme carburant. Il était alors question de débuter des tests sur les scrubbers au début de 2019 et, en fonction des résultats, l'entreprise allemande n’excluait pas d'investir un peu plus dans cette technologie. Le document stratégique 2023 mentionnait l’achat d’une dizaine de scrubbers qu'il était question d'installer sur les navires de 13 000 EVP entre 2019 et 2020, à raison de 4 % des navires exploités, soit 8 % de la capacité.

Quant à l’option GNL, Rolf Habben Jansen, le directeur général, avait alors mentionné l’éventualité de convertir certaines des unités de UASC, compagnie acquise en mai 2017. Si le premier essai sur un des 17 navires de 15 000 EVP est concluant, le groupe investirait alors dans cette solution pour les 16 autres. Le document stratégique 2023 mentionnait « un coût estimatif de conversion de 25 à 30 M$ par navire ».

« En même temps »

Pour se conformer aux réglementations de l'OMI sur la teneur en soufre des carburants, le transporteur allemand a passablement évolué sur ses choix. Initialement, le GNL apparaissait comme la seule option envisagée avant de ne plus radicalement exclure les scrubbers, mais tout en gardant la conviction que « l'utilisation de carburants à faible teneur en soufre est la solution clé pour Hapag-Lloyd. »

Dans son communiqué, la compagnie hambourgeoise indique que le moteur du Sajir sera hybride, capable de fonctionner avec du GNL avec le fuel à faible teneur en soufre (LSFO) en combustible de secours. « En convertissant le Sajir, nous serons la première compagnie maritime au monde à convertir un porte-conteneurs de cette taille à la propulsion au GNL », s'est avancé Richard von Berlepsch, directeur général de la gestion de flotte chez Hapag-Lloyd. En réalisant ce projet pilote sans précédent, nous espérons apprendre pour l'avenir et ouvrir la voie à la modernisation des grands navires pour qu'ils puissent utiliser ce carburant de remplacement ».

Selon Hapag-Lloyd, le passage au GNL pourrait réduire les émissions de dioxyde de carbone de 15 à 30 % et celles de dioxyde de soufre et de particules fines de plus de 90 %.

--- Adeline Descamps ---

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