Les facteurs qui ont déclenché d'importants goulets d'étranglement auront persisté tout au long de l’année 2021. Pour le dernier mois, les retards de navires et les zones de congestion occupaient toujours le terrain. Le respect des transit-time est même à son point le plus bas.
La congestion portuaire aura été jusqu’au dernier jour de l’année 2021 un des marqueurs de l’année dans le secteur du conteneur. Selon l’indicateur Global Liner Performance de Sea-Intelligence, qui passe en revue 34 routes maritimes empruntées par plus de 60 exploitants de porte-conteneurs, la fiabilité des horaires s’est encore dégradée en décembre. Le respect des transit time a même touché son point bas, à 32 %. C'est 12,5 % de moins qu'en décembre 2020.
Pour le cinquième mois consécutif, plus des deux tiers des navires en service sont arrivés dans les ports avec un retard moyen supérieur à une semaine. Parmi les quatorze premières compagnies mondiales de la ligne régulière – si tant est qu’elle mérite encore cette appellation –, Maersk a été une fois de plus le transporteur le plus fiable en décembre avec un taux de respect des ETA de 46,2 % devant Hamburg Süd (dont Maersk est l’actionnaire), avec 41,4 %.
MSC affiche un taux de fiabilité des horaires compris entre 30 % et 40 % alors que six compagnies présentent une fiabilité encore plus faible (entre 20 % et 30 %).
Sept routes avec une fiabilité inférieure à 20 %
Cinq autres transporteurs sont en déça de 20 %. Evergreen (14,3 %) reste une inconditionnelle du bas de classement, qu’elle a occupé l’année durant. Un niveau plancher où elle côtoie Wan Hai et OOCL, qui opèrent en mode dégradé.
Entre novembre et décembre, neuf d’entre eux ont réussi à limiter leur retard mais sur une base annuelle, entre décembre 2020 et 2021, les services se sont fortement détériorés.
Sept des 34 trafics couverts avaient une fiabilité des navires inférieure à 20 %, le plus bas niveau absolu étant celui du transpacifique avec seulement 10 %, selon Lars Jensen, analyste maritime de Vespucci, qui a remonté loin le cours de l’histoire. Entre janvier 2013 et décembre 2020, assure-t-il, c'est une route vers l'Afrique qui a présenté la fiabilité la plus faible et ce, pendant 73 des 96 mois. L’an dernier, la même route figurait parmi les plus régulières, non pas parce que ses indicateurs se sont améliorés mais parce ceux des autres se sont particulièrement altérés, souligne-t-il.
Fiabilité horaire en 2020 et 2021 et évolution entre les derniers trimestres. Extrait par Dynamar.
Reflux amorcé
Les importations avaient pourtant commencé à refluer, en décembre, le long de la côte ouest-américaine (- 14 %), à Los Angeles-Long Beach, l’un des complexes portuaires les plus congestionnés au monde. Mais le nombre de navires en attente de déchargement y atteignait encore, il est vrai, des sommets, estimé à 109 par le Marine Exchange of Southern California.
Aux États-Unis, la problématique est bien identifiée : les navires ne peuvent pas décharger rapidement car les terminaux sont remplis de conteneurs. La pénurie de chauffeurs et de châssis et la saturation des entrepôts, qui manquent aussi de personnel, ne permettent plus d’évacuer les conteneurs d'importation des terminaux vers le stockage. Si des progrès ont été observés dans les mouvements, grâce aux différents dispositifs initiés, l’espace libéré est préempté par des conteneurs vides qui attendent d'être renvoyés en Asie. Les autorités portuaire estiment que cinq à dix navires à quai chaque jour ne sont pas déchargés parce que les terminaux n'ont pas d'espace pour mettre les boîtes.
Nouvel ennui outre-Altantique, 1 700 dockers ont été testés positifs dans les ports de la côte ouest depuis le début de l’année. Il n’y en aura pas eu autant durant tout l’année.
Taux de fret à la baisse
Le mois de janvier sera guetté alors que les taux spot du fret conteneurisé baissent pour la troisième semaine consécutive depuis le début de l’année. Le SCFI, qui mesure les prix au comptant du fret conteneurisé au départ de Shanghai vers vingtaine destinations dans le monde, s’est replié de 0,8 % la semaine dernière, après une diminution identique la semaine d’avant. Il s’établit toujours au-dessus des 5 000 points (5 010,36), niveau qu’il avait franchi pour la première fois en mai 2021 et qu’il n’a plus quitté depuis.
L’indice Drewry, réference pour les conteneurs de 40 pieds, est également sur une tendance à la baisse (- 2,9 %) à 9 419,50 $, soit 6 594 $ de plus que la moyenne quinquennale (2 924 $).
Les taux de fret depuis Shanghai vers Los Angeles et vers New York affichent un repli de 5 %, à 10 691 $ et 13 218 $ respectivement, soit les taux les plus bas depuis décembre. De même, vers Rotterdam, les tarifs sont en recul, ayant perdu 366 $ pour atteindre 13 687 $. Sur les autres routes, ils sont stables.
A.D.
La fiabilité dans le segment des petits navires
En dépit de la congestion, six d'entre eux ont réussi à améliorer leurs performances en 2021. « Il se pourrait que les ports (plus petits) utilisés par ces entreprises soient nettement moins encombrés », relève Dynamar, qui a extrait ce classement.
