Bien que Fitch Ratings s'attende à ce que 2022 soit une autre année solide pour le secteur du conteneur, la croissance de la flotte à partir de 2023, au regard des commandes de 2021, sera telle qu'elle devrait être supérieure à la demande de près de 4 %.
En 2021, les transporteurs ont commandé un nombre record de 555 navires d'une valeur de 42,5 Md$ et 208 navires d'une valeur de 18,4 Md$ depuis le début de l'année 2022. Selon Alphaliner, 166 navires devraient être livrées cette année, 310 en 2023 et 252 en 2024, soit 5,7 MEVP (alors que la flotte mondiale totalise actuellement 25 MEVP). Sans doute Fitch dispose-t-il de ces données pour estimer que la croissance de l’offre de navires à partir de 2023 sera supérieure à la demande de transport près de 4 %, tirant vers le bas les taux de fret, selon ses projections.
C’est bien en 2023 que l’agence de notation internationale place le curseur de la bascule. « L’année permettra de tester la discipline du secteur », indique Fitch, qui fait référence à la gestion au cordeau des capacités opérée par les compagnies pour maintenir les taux de fret durant la crise. L’année en ciseau devrait aussi permettre de déterminer si les entreprises sont mieux armées à affronter la descente qu’elles ne l’étaient lors de la dernière récession dans la mesure où elles affronteraient la vague avec des niveaux de trésorerie élevés, des positions de marché plus consolidées et des activités plus diversifiées grâce à leurs dernières acquisitions dans la logistique, les entrepôts, les avions, etc.
« Nous pensons que les performances resteront solides en 2022, car les taux de fret des conteneurs restent exceptionnellement élevés et les livraisons de nouveaux navires encore modérées ». Tout dépendra de la congestion, nuance cependant l’agence. Les perturbations dans le transport maritime restent le principal moteur de l’inflation des taux de fret des conteneurs. Pour autant, le secteur ne pourra plus compter autant sur la seule consommation de produits manufacturiers. Dans les économies sorties des restrictions sanitaires, le centre de gravité de la consommation a glissé vers les services. La tendance devrait s’accentuer à moins que ne resurgisse un nouveau variant qui renvoie à nouveau le monde a domo.
A.D.